jeudi 28 octobre 2010

Аленький цветочек - La Fleur Ecarlate

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Dernier volet de ma série sur la Russie, voici aujourd'hui La fleur écarlate, (1952) film animé de Lev Atamanov, et version russe du conte La Belle et la Bête. Je le vis un noël des années 80, et lui ai depuis laissé mon coeur. Imaginez, les illustrations de Bilibine prenant vie devant vos yeux d'enfant émerveillés, et vous racontant une histoire merveilleuse....


J'ai juste eu la chance de naître en 82 et d'être une enfant lorsque les studios Gorki le restaurèrent en 1987.
D'une beauté éblouissante, il vous suffit de voir sur l'affiche ci-dessus comment est rendue la brillance des choses - la fameuse petite fleur à l'origine du conte par exemple - par mille stries d'or, pour comprendre que le voir c'est un peu comme ouvrir une boîte renfermant des instants magiques.
Ces cygnes qui tirent la Belle dans les airs, les reflets et ondulations de l'eau..., la lumière qui se joue sur les objets précieux, tout est d'une extraordinaire beauté et vous transporte en plein coeur du rêve. Et cela ne tient pas qu'aux décors d'ailleurs ; la mise en scène du conte lui-même  est grandiose.
Je me souviens de ce passage, lorsque Nastia, trompée par ses soeurs, et n'ayant pas vu le coucher du soleil, ouvre tout grand les volets sur un ciel tourmenté d'orage et s'écrit "o Soleil, arrête ta course !" (ce sont du moins les paroles de mon souvenir, car ce film n'existe autrement qu'en russe sur le net), avant de rejoindre la Bête, emportée par le vent à travers les flots déchaînés.
A ce propos, je crois que la plus grande passion de ma vie - je peux dire la plus grande car c'est celle qui m'a touchée le plus profondément, je la dois au personnage de la Bête dans cette adaptation... Cet être gauche et voûté, grande silhouette de poils gris, sans aucun autre attribut que ses grands yeux noirs tristes et, dans la version française, une voix grave et chaude, qui m'avait chamboulée (il est ce passage que j'adore, lorsque Nastia chante au bord de l'eau, où la Bête m'émeut toujours - pour accéder directement à cet extrait c'est ici). J'en ai été follement amoureuse, et le suis toujours. Lorsque vous pourrez voir le film, je pense que vous serez ravis aussi comme je l'ai été par la scène de l'assiette et de la pomme (je ne sais comment l'appeler), lorsque la voix de la Bête dit "Roule, roule, petite pomme, montre nous le pays où tombe la neige", et que fait écho le rire perlé de Nastia. Combien ai-je pu pleurer - et chaque fois depuis - quand elle se transforme en prince charmant !! Je n'ai jamais autant haï un prince.  Au cours de ce blog, comme vous le verrez, il sera souvent question de pleurs, de battements de coeur, d'émerveillement(s) aussi.  Je parle ici de toutes les choses qui ont marqué et  marquent ma vie. Il n'a d'autre vocation que de noter ce qui m'atteint, me ravit, me bouleverse, ou simplement croise ma route. Il est un terme anglais que j'aime énormément, et dont je dévie un peu le sens en l'employant ici. Ce sont les "butterflies in the stomach"(qui d'ailleurs rendent très bien la sensation initiale à laquelle ils renvoient). Ils battent souvent fort au plus profond de moi-même, sourdement. Mais en même temps, il en est pour moi de plus légers, qui battent au niveau du coeur ou de la tête, semblables au "baiser papillon". Le battement d'aile du bonheur qui dépose sa caresse au passage. Comme si cette "poudre d'or qui sablait tout du long le sentier de (ma) vie" avait été déposée par leurs ailes. C'est un peu cette sensation que je ressens quand je me laisse littéralement enchanter par cette oeuvre, et aussi ce battement râpeux et sourd, qui frotte fort le long des parois étroites de mon coeur, lorsque je  vois la Bête, et me souviens de la première fois. Impossible d'y résister. Je me suis toujours sentie un peu comme Nastia, qui l'appelle des doux noms de "mon bon maître" ou "mon ami" - mais jamais "la Bête". Ainsi de la scène au bord du lac, lorsque, encore craintive, et peinée de l'avoir blessé, elle lui tend les bras. "Montre toi mon bon maître".



Tout y est d'une grande subtilité, d'une grande délicatesse, et c'est ce qui fait la magie de cette oeuvre.
Combien - pardon pour les puristes de Disney - une interprétation de Disney est ridicule à côté. Au fond, Lev Atamanov ne s'y est pas trompé; qu'est la Bête en effet, dans le conte, si ce n'est qu'un symbole, qu'une projection? Lui donner des traits concrets, précis, est selon moi éloigné de son sens premier. Si cela vous intéresse, je vous conseille ainsi de lire la version originale du conte de La Belle et la Bête, celle de Madame de Villeneuve (celui que nous connaissons n'est en est en fait que la réécriture, pour enfants, par Madame Leprince de Beaumont) qui sut à mon sens réaliser une époustouflante version et offrir de la Bête une vision des plus intéressantes et des plus justes, utilisant avec grand à propos et ingéniosité tout ce qu'offrait le XVIII° - chambres noires et dispositifs catoptriques, projections, déformations et anamorphoses. La Bête se comprend ainsi chez cette femme de lettres comme n'étant que la projection de la peur de la Belle face à l'homme et sa "bestialité" - non point "-La Belle, voulez vous m'épouser ?", mais "-La Belle, voulez-vous coucher avec moi ?". Les Leprince de Beaumont et autres peuvent aller se rhabiller..! Grande amatrice de contes devant l'Eternel - c'est peut-être en effet le premier ouvrage que j'emporterais sur une île déserte, la Belle et la Bête m'avait toujours ennuyée (je parle ici du récit écrit), jusqu'à ce que, au cours de mon mémoire de maîtrise sur les contes de fées littéraires des XVII° et XVIII° siècles, je fasse la découverte de la version originale. Stupeur et délectation.
Mais je dévie ici de mon propos initial.
La saveur du film donc, vient aussi de sa richesse picturale, que vous pouvez voir à loisir dans les colonnes ci-contre, nous plongeant dans les scènes quotidiennes d'une ville russe ; je pense souvent en les voyant à celles du "seigneur Novgorod", au début d'Alexandre Nevski. Marins, charpentiers, marchands, tout regorge de couleurs, grouille d'activités.
Pour la beauté, il y a aussi cette ampleur des gestes russes (là aussi, je revois toujours les personnages de Nevski) qui accompagnent les propos des personnages.
Se côtoient enfin simplicité et richesses des motifs, arabesques orientalisantes, et naïveté de certains autres graphismes. (Il en est de même d'ailleurs pour l'art de Bilibine)


Même si vous ne comprenez pas un traître mot de russe, vous pouvez regarder le dessin animé sans hésitation. Certes vous ne jouirez pas du plaisir des mots et de la beauté majestueuse des échanges entre la Belle et la Bête (il est plus facile de les nommer ainsi). Mais les personnages, les mouvements, les scènes sont si expressifs, que vous n'aurez aucun mal à comprendre.
Il faut que je vous précise pour ne pas vous induire en erreur, que la Belle s'appelle en fait "Nastenka". "Nastia"était son nom dans la version française, doux nom qui se posait et s'attardait dans la bouche avant de glisser mélodieusement aux oreilles. J'entrais déjà en féerie lorsque je le faisais résonner.
Ce qui m'a fascinée aussi, enfant, était la version française du titre, "La petite fleur vermeille" baignant le conte et la fleur elle-même d'une aura de mystère encore plus grande. "vermeille" était un beau mot, au début inconnu et donc merveilleux, puis qui se plaisait à sonner à mon oreille. Et avec lui venait "petite", ... "petite fleur vermeille"... ; c'était comme si cette phrase eût été murmurée, secrète, et cachée, comme la petite fleur elle-même, qui dans l'animé émet d'ailleurs un petit tintement comme un battement de coeur, sourd - le bruit de son scintillement ou simplement la vie (de la Bête) qui bat en elle?

Conte de la chasse aux merveilles, vous traverserez les mers, comme le père de la Belle et son fidèle compagnon, qui, "penchés à l'avant des blanches caravelles, (...) regardaient monter en un ciel ignoré, Du fond de l'océan des étoiles nouvelles".  Des dômes russes si pittoresques, leurs pérégrinations vous mèneront en Hollande, en Afrique, à la recherche de trois objets uniques - je vous laisse le plaisir de les découvrir.
Et pour mieux l'apprécier, vous vous devez de réveiller votre âme d'enfant.
Vous l'aurez donc compris, ce conte "m'e-n-c-h-a-n-t-e".
C'était mon dernier billet sur les contes russes, et je voulais finir en beauté, d'autant plus qu'il s'agissait de cette oeuvre. Je m'en suis donc donné à coeur joie dans le montage et la profusion d'images, pour qu'il vous soit permis d'entrevoir l'explosion de couleurs et de rêves qu'est La fleur écarlate.
La bande son elle-même est vraiment réussie, que ce soit la musique (très belle, de Nicolai Budashkin), les voix ou les bruitages. Je viens en plus de redécouvrir le film dans une version Dvix, les couleurs laissent sans voix - rien à voir avec ma vieille K7, passée 10 000 fois, qui fut d'abord enregistrée de la Télé sur V2000 puis en bidouillant un peu du V2000 au VHS, et du VHS enfin au DVD............. Paix à son âme.
Peu d'années après, j'ai eu l'occasion de voir, toujours pour un Noël, une Blanche-Neige russe, la réalisation ne m'a pas vraiment marquée. Elle se prête moins à ce genre de graphismes (sans compter que le Prince a une tête de Prince du début à la fin, or j'avais déjà une dent contre lui après La fleur écarlate), bref, je ne vous le conseille pas vraiment. Je crois qu'on peut trouver aussi des adaptations comme La Princesse Grenouille, etc (il vous suffit d'un peu fouiner sur google ou you tube, dans une langue ou l'autre), mais le peu que j'en ai vu ne m'a pas convaincue. Les images sont belles certes, mais ne valent que comme images. Il manque un "liant", on ressent une sorte de distorsion entre le scénario et les dessins. Un peu ennuyeux. J'ai préféré de loin un autre Atamanov, d'un style et d'une veine totalement différents. Mais, d'un humour gracieux, il vaut le détour. Il met en scène une ballerine sur un bateau.


Bon à savoir : Si vous tapez "La fleur écarlate", votre recherche ne vous offrira pas beaucoup de videos.. Il faut passer par le biais du russe, Аленький цветочек.
Dans les jours qui viennent, je devrais pouvoir ajouter les sous-titres français à mes vidéos. Pour cela en effet, ma mère, qui est à Marseille, doit regarder le dessin animé, noter les sous-titres, me les communiquer par téléphone, pour que je puisse à mon tour les encoder.... Vous serez prévenus alors par un petit billet. En attendant, vous pouvez toujours le visionner en VO. Mais je vous conseille de le télécharger - extrêmement aisé - car entre ce que j'ai téléchargé, et ce que j'ai partagé sur You tube, les images ont perdu en qualité. Pour ceux qui habitent Paris, vous trouverez peut-être une version en français sous-titrée à la librairie russe rue de la Montagne Sainte Geneviève, "Les Editeurs réunis"- les voix ne seront sans doute pas celles de 87 par contre.



En basculant sur You tube vous trouverez en-dessous de chaque vidéo le lien menant à la suivante (je ne les ai pas répertoriées en effet)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

salut je narrive pa a trouver les video sur houtube a la fin de cellci sa me ramene au blog

Jsparkenbroke a dit…

http://www.youtube.com/watch?v=Nnwcsz1-rxk

http://www.youtube.com/watch?v=po9d42mip-k

http://www.youtube.com/watch?v=ozsK9cRq6iE

Voilà les liens.

Anonyme a dit…

bonjour si vous avez ce dessin anime la fleur ecarlate en francais contactez moi par mail
0616129719@sfr.fr

Adrian.dsa10 a dit…

envoyé moi le lien de ce dessin Anime la svp par mail
djrigaachile@gmail.com

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