lundi 11 octobre 2010

"Il viendra des pluies douces"

Je ne peux m'empêcher de noter ce titre d'une des Chronique martiennes de Ray Bradbury, qui fait écho dans ma tête aujourd'hui comme une litanie . Pour en être une de mes chroniques préférées, son atmosphère toute particulière ne reflète pourtant pas cette journée d'octobre. Si ce n'est peut-être cette désolation, ce côté morne qu'apporte la pluie en cet après-midi d'automne. Ce silence et ce vide de la morte saison.
D'une manière toute aussi étrange, de regarder par ma fenêtre la pluie tomber sur les arbres du musée d'Art et d'Industrie, ce ciel gris et bas qui n'en finit pas de mourir, semblable à l'immense fumée sortant d'une cheminée, me naît l'envie de relire Trilby ou le lutin d'Argail de Nodier.  Serait-ce sa reliure dont les teintes beiges et marron roux évoquent l'automne? le foyer que hante le malicieux follet et que je ne peux imaginer que crépitant d'un feu chaleureux ? ou ces contes de pays de brume qui s'entourent d'un peu plus de mystère en cette saison ? Ce ne sont d'ailleurs à chaque lecture que les premières pages qui laissent en moi leur souvenir diffus, défaut né peut-être de la première lecture que j'en fis au début de mon adolescence, moi qui ai pourtant bonne mémoire; de l'humble chaumière la pierre du foyer où se confond parmi les flammes Trilby, la barque de la belle batelière glissant sur les eaux du lac, et autour de laquelle monte la triste plainte du lutin; ce sont ces simples images qui ont imprégné en moi leur douce mélancolie, et teinté de leur souvenir le récit entier, jusqu'aux flambeaux de la nuit finale et ce dernier murmure - "mille ans ne sont rien pour ceux qui ne doivent se quitter jamais".
J'espère que Nodier me pardonnera... et pardonnera la mauvaise lectrice que je suis. Mais je prendrai plaisir à le relire ce soir (et peut-être à nouveau l'oublier...)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire